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biographie

Le peintre architecte

Autoportrait, 1942, huile sur panneau d'acajou,  14 x 12,5 cm (collection Ceria)

Autoportrait, 1942, huile sur panneau d'acajou, 14 x 12,5 cm (collection Ceria)

1912 - Naissance de Jacques Ceria, le 7 mars à Saint Etienne (Loire), où il demeurera jusqu’en 1917. Fils de Marguerite Lévy et d’Edmond Ceria (1884-1956), artiste-peintre.

 

1914 - Naissance de son frère Pierre. Par modestie à l’égard de son père et par affection pour son frère, le jeune Céria adoptera plus tard le pseudonyme de Despierre. Une anecdote familiale raconte que son père s’amusait à dire: "J’ai un Jacques et des pierres."

 

1915 - Vacances en Ardèche avec son père. Au cours de parties de pêche, il découvre l’eau et les poissons. "J’avais à ce moment deux ans et demi, et j’étais déjà terriblement attiré par tout ce qui touche l’eau. Je me rappelle des pêches à la truite. Je les prenais dans les mains et je les caressais…"

1917-1926 - Etudes au collège Stanislas. "On m’y a appris beaucoup de choses que je n’ai pas retenues, mais on m’a enseigné tout de même une chose essentielle, c’est à travailler, et à avoir une certaine discipline de travail (…), les études, la jeunesse, ne m’ont laissé que des souvenirs heureux."

 

Son père l’emmène souvent au Louvre: "On faisait en quelque sorte le brocanteur, tous les tableaux étaient accrochés les uns au-dessus des autres, et on allait choisir son tableau qu’on regardait le jour où on avait envie de le regarder."

 

Découverte des œuvres de Corot, Chardin et surtout Delacroix: "J’étais terriblement attiré par Delacroix, j’y sentais un climat de liberté qui m’a toujours hanté."

 

A sept ans , il voit La Jeune Fille à la perle de Vermeer et se laisse pénétrer par ce que pouvait être la matière même de la peinture: "J’entrais en quelque sorte à l’intérieur du tableau." Dès l’âge de quatorze ans, son père lui fait prendre des cours de gravure. Il s’initie alors chez un graveur aux techniques du burin, de l’eau-forte, de l’aquatinte et de la pointe sèche.

Cassis, 1936, huile sur toile, 74 x 90 cm (achat du FNAC au Salon d'Automne  à Paris en 1939, en dépôt depuis le 14/04/1955 à l'ambassade de France à Bucarest, inventaire FNAC 16236)

Cassis, 1936, huile sur toile, 74 x 90 cm (achat du FNAC au Salon d'Automne à Paris en 1939, en dépôt depuis le 14/04/1955 à l'ambassade de France à Bucarest, inventaire FNAC 16236)

"Pendant trois ans, de 1927 à 1930, Despierre a partagé sa vie entre l’étude de la philosophie et celle de la peinture. Il consacrait ses matinées à l’étude de la peinture à l’académie Colarossi, et ses après-midi à la philosophie. Aujourd’hui, il aime à se dire cartésien. Il a un culte d’ailleurs pour le XVIIe siècle français et notamment pour Poussin. La plupart de ses tableaux, comme ceux de Poussin, sont construits selon les tracés de la règle d’Or. Dans ses paysages, il place volontiers des architectures de style classique qui évoquent bien le Grand Siècle."

Yvon Taillandier, artiste et critique d'art

1926 - A la galerie Paul Guillaume, il tombe en admiration devant La Leçon de piano de Matisse. Premières vacances dans le Midi à Sanary-sur-Mer.

Portrait par Germaine Nordmann-despierre dans son atelier

Portrait de Jacques Despierre en 1948 par Germaine Nordmann

1929 - Il entre à l’académie libre Colarossi, conseillé par son père, puis à l’Académie scandinave, où il suit l’enseignement de Charles Dufresne, ami de son père et d’Othon Friesz. "Charles Dufresne a eu sur moi une influence considérable. Je lui dois une très grande partie de ma formation plastique. Il professait la nécessité d’une architecture très structurée dans l’organisation du tableau. Grand admirateur de Véronèse, de Tiepolo et de Magnasco, il n’admettait pas, à la suite de Poussin, qu’une surface ne soit pas organisée."

 

Despierre exécute sa première décoration murale pour le casino d’Evian.


1930 - Entrée à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, dans l’atelier de Lucien Simon. Il se lie avec Georges Rohner, Robert Humblot, Jean Lasne.

 

Grâce à son père, l’occasion lui est offerte de rencontrer ses aînés dont Jacques Villon, qui lui fait connaître la proportion idéale dite "Section d’or",  et Marcel Gromaire. Despierre voit en ce dernier "un très grand peintre de notre époque" et un excellent dessinateur. De ces deux artistes et de Dufresne, Despierre sera le disciple.

1931 - Despierre illustre son premier livre de bibliophilie, Promenades et souvenirs de Gérard de Nerval, grâce à un ami de son père, l’éditeur Daragnès. Son premier acquéreur fut Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères et grand bibliophile.

1932 - Il expose avec Gruber, Tailleux et Ullmann et se lie d’amitié avec Yves Brayer et Tal Coat. "Nous nous rencontrions beaucoup le soir, nous ne pensions absolument pas à gagner de l’argent, nous confrontions nos impressions sur le Louvre, sur les musées et sur les grandes expositions qui à ce moment-là fleurissaient."


1937 - Il découvre La Fée Electricité de Raoul Dufy et les toiles de Jacques Villon qui marqueront fortement son œuvre. Georges Huismans, directeur de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, lui fait obtenir sa première commande officielle pour l’école du Blanc-Mesnil. Il fait partie du premier Salon des jeunes artistes.

Le Château de Saint-Germain, 1931, gravure pour l'ouvrage Promenades et souvenirs

Le Château de Saint-Germain, 1931, gravure pour l'ouvrage Promenades et souvenirs de Gérard de Nerval aux éditions Daragnès

1938 - Première exposition personnelle à Paris, à la galerie Jeanne Castel. Despierre obtient le prix Paul Guillaume.

 

1939 - Il exécute des peintures murales en trompe l'œil célébrant le jardin de la Grèce antique pour le stand conçu par Jean-Charles Moreux au Salon des artistes décorateurs. Il est mobilisé dans l’artillerie hippomobile puis dans les services du camouflage, avec Humblot et Jean-Louis Barrault. Pendant la "drôle de guerre", il s’occupera en dessinant des chevaux. "Je suis monté sur un cheval pour la première fois de ma vie en 1939 (…). Je me suis vu confier la responsabilité d’une pièce d’artillerie tractée par un certain nombre de chevaux. D’abord, je l’avoue, j’ai eu la terreur de ces bêtes. Puis ces animaux m’ont passionné. Pour aimer le cheval, il faut mener sa vie (…). Conquis par le sujet, j’ai exécuté de nombreuses toiles de chevaux. Le mouvement et le mécanisme des temps du galop m’ont beaucoup séduit."

 

1940 - Mariage avec Hélène Parigoris, d’origine grecque, surnommée Nelly. Elle accompagne Despierre tout au long de sa vie et de sa carrière en l’aidant à formuler ses plus hautes exigences. 

Il demande à son ami architecte Jean-Charles Moreux de construire sa maison-atelier, rue Bénard, dans le XIVe arrondissement de Paris.

"Il y a un homme qui a eu une certaine influence dans ma vie, c’est un architecte, Jean Charles Moreux. Or Jean-Charles Moreux était terriblement féru de tous les problèmes d’organisation de surface, de nombre d’or (…). C’est grâce à un homme comme Moreux que j’ai découvert que la surface était un phénomène à la fois concret et abstrait."

 

1941 - Naissance de son fils François à Paris.

 

1942 - Il séjourne à Amboise, au bord de la Loire. Il fait partie du comité fondateur du Salon de mai, où il expose chaque année jusqu’en 1966, puis plus épisodiquement. Il participe avec Moreux et le peintre Maurice Brianchon au projet pour la décoration des rues de Paris à l’occasion des fêtes de la Victoire. Leur proposition obtient le deuxième prix.

 

1945 - Exposition "La tapisserie française du Moyen Âge à nos jours" au musée d’Art Moderne de Paris. Exposition  "Tapisserie récentes", Compagnie des arts français.

La légende de Saint Hubert, tapisserie d'Aubusson en laine signée et datée 1943

La légende de Saint Hubert, 1943, tapisserie en laine, Manufacture d'Aubusson, ateliers Pinton, Felletin, 172 x 276 cm (Galerie La Tapisserie XXème, Paris)

Un exemplaire est conservé au musée départementale de la tapisserie à Aubusson.

1947 - Exposition personnelle à la galerie Charpentier à Paris. Il réalise des fresques pour la faculté de pharmacie de Paris et des panneaux décoratifs pour le paquebot Liberté. 

Premier voyage en Italie: dessins et peintures sur l’architecture de Florence.

Vue de Florence, été 1947, huile sur papier marouflée sur toile, 22 x 48 cm (collection particulière, Paris)

Vue de Florence, été 1947, huile sur papier marouflée sur toile, 22 x 48 cm (collection particulière, Paris)

1948 - Il enseigne à l’académie Montparnasse. Vacances en famille à Eygalière (Bouches-du-Rhône), en compagnie de son ami le peintre André Planson.

 

1949 - Il est nommé professeur à l’Ecole des métiers d’art. Il expose à la galerie de l’Elysée à Paris et réalise un ensemble de panneaux peints pour la salle des mariages de la mairie de Clamart. "L’art mural est un jeu, un échange. La collaboration avec l’architecture doit être très étroite au plan de l’échelle de la fresque, des couleurs, de la surface. L'œuvre murale ne doit pas détruire l’équilibre de l’architecture."

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1950 - Le musée d’Art moderne de Paris acquiert plusieurs de ses toiles : Le Port de Cassis (1939), Le Pêcheur jaune (1949), Le Retour des amandes (1950), etc. Il est nommé professeur à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, où il remplace François Desnoyer.

"J’ai eu la chance d’enseigner pendant trente ans à l’Ecole des arts décoratifs et j’ai eu énormément d’étudiants. C’est dans cet échange jeunesse-âge mûr, dans ce contrat, que l’on sent qu’il se crée quelque chose."

Le retour des amandes, 1949, huile sur toile, 168 x 163 cm  (Musée d'Art Moderne, Paris) photo Jean-Yves Trocaz

Le retour des amandes, 1949, huile sur toile, 168 x 163 cm

(Musée d'Art Moderne, Paris, inventaire n°AMVP 567) © Jean-Yves Trocaz

1951-1953 - Les Messageries maritimes confient à Despierre la décoration des pièces de réception de plusieurs de leurs paquebots: Flandre, Maréchal-Leclerc, Tahitien, Joffre, etc.

De 1951 à 1982 il participe au Salon des peintres témoins de leur temps, où il expose chaque année.

 

1954 - Avec l’Ecole de Paris, il pose régulièrement jusqu’en 1963 à la galerie Charpentier. "De 1923-1924 jusqu’à la fin des années 1970, l'École de Paris a été véritablement un havre de liberté absolument extraordinaire. Vous aviez des artistes du monde entier qui s’y pressaient, on y faisait toutes les tentatives, de l’art abstrait à l’art figuratif, à l’art cubiste."

 

1957 - Nommé chevalier des Arts et Lettres.

 

1958 - Nommé chevalier de la Légion d’honneur.

 

1959 - Voyage en Hollande. 

Exposition "Ferronnerie et tapisserie", musée Galliera avec Subes et Rohner.

Le droit indusriel et commercial, 1959, 1,6 × 2,24 m, Manufacture de Beauvais, liciers Monehaie et Masselin, carton B 7, 1958, © Mobilier national

Le droit indusriel et commercial, 1959, 1,6 × 2,24 m, Manufacture de Beauvais, liciers Monehaie et Masselin, carton B 7, 1958 (Mobilier national, inventaire BV-35-000 ; exposition ferronneries - tapisseries, Subes, Rohner, Despierre, 1959, Musée Galliera) © Isabelle Bideau

1960 - Voyage en Grèce. "Ce pays m’a enchanté, je l’ai découvert du ciel, j’ai vu cette masse qui s’avançait dans la mer et qui donnait la mesure de l’intelligence de ce pays, de sa variété, de cette lumière fantastique."

 

1961 - Despierre réalise des panneaux décoratifs pour le paquebot France.

 

1962 - Il est nommé chef de l’atelier mural à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, où il prend la succession de son maître et ami Marcel Gromaire. Il enseigne le dessin, la fresque et la mosaïque, et encourage la création d’un atelier de restauration de tableaux.

"L’enseignement, c’est un échange. Nous avons la chance de nous rencontrer avec des gens jeunes, très ardents, très sensibles, très ouverts à la vie, et ce que nous pouvons leur donner, ce sont des moyens de s’exprimer."

Despierre dans son atelier d'art mural

Despierre dans son atelier d'art mural

1963 - Nommé officier des Arts et des Lettres.

 

1964 - Première médaille pour la Monnaie de Paris.

 

1969 - Despierre est élu membre de l’Institut (Académie des Beaux-arts, section peinture), au fauteuil d’Edouard Goerg.

 

1973 - Importante rétrospective de son œuvre à la Monnaie de Paris.

Affiche de la rétrospective de l'oeuvre de Despierre à la Monnaie de Paris

Affiche de la rétrospective Despierre à la Monnaie de Paris, 1973

1974 - Il entreprend la réalisation des vitraux de la basilique Notre-Dame de Liesse qui durera huit ans.

"J’ai eu la joie d’aider Despierre, modestement, à réaliser les vitraux de la basilique de Liesse, de partager à la fois son inquiétude et sa très grande exigence, où l’homme, animé par une foi de tous les instants, travaillait à la réalisation de son oeuvre en complète communion avec le verre et la lumière, la peinture et l’architecture.

 

Manoël Pillard

Portrait par Richard de Grab

1977 - Il expose à Londres, galerie Wildenstein

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1981 - Réalisation des mosaïques pour le nouvel hôtel de ville d’Orléans, avec la collaboration des mosaïstes Laurence Delu et Lars Nielsen.

 

1987 - Le musée d’Art et d’Histoire de la ville de Saint-Denis présente ses peintures réalisées entre 1954 et 1986.

 

1990 - Exposition à Paris, galerie Yves Gastou, consacrée aux œuvres des années 1940 à 1950.

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1991-1994 - Il partage son temps entre Paris et les bords de la Loire et de la Seine où il se consacre exclusivement à sa peinture.

 

1995 - Mort de Despierre à Paris, le 3 décembre. Il est enterré en famille au cimetière de Montrouge.

Portrait de Jacques Despierre par Richard de Grab

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"Regardons ces personnages vigoureux qui peinent et se dépensent: ils nous rappellent des senteurs d'épices et des fleurs, de foin en meules ou de poissons tout frais pêchés fleurant bon la marée. Contemplons ces bords de mer peuplés de formes actives ou nonchalantes: nous y voyons marcher, se baigner, s’allonger au soleil, éclairées à contre-jour, de belles déesses sans visage. Ces silhouettes épanouies nous disent leur simple joie de vivre. Le même charme émane des somptueux jardins d’Anjou et de Touraine, ou encore de Grèce où évoluent Ariane, Méléagre ou Pythagore. Lorsqu’il crée ces décors où devient presque tangible l’exubérance des feuillages et des fleurs, Despierre se laisse guider par son enthousiasme en présence de la nature vivante. Cependant il ne perd pas de vue les règles d’une composition harmonieusement équilibrée."

 

 

Hommage rendu par Chu Teh-Chun à l’Académie des Beaux-Arts le 3 février 1999

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